« Pourquoi pas la musique ? » : petit conte de l’adulte qui veut renaître
Un beau matin, vous – par commodité disons « vous » – vous rendez compte que vous avez fait le tour de certaines questions… Eh oui, vous êtes relativement heureux dans la vie (me reviennent en tête ces paroles de William Sheller : « Je vis la vie que je voulais mener, à quoi bon tout changer ? »), mais plane sur les eaux comme l’idée d’une renaissance. Quelque chose vous a manqué, mais vous ne savez pas trop quoi. Vous revenez encore une fois sur la célèbre prière de la sérénité (attribuée tantôt à l’Empereur païen Marc Aurèle, tantôt à un protestant, le Docteur Niebuhr), il y est question de courage en vue de changer ce qui peut être changé.
Il vous manque encore quelque chose et, n’en déplaise à ceux qui vous disent qu’au lieu de chercher quoi, vous n’avez qu’à écouter et applaudir leurs discours, leurs sermons, dans tous les cas leurs flots de paroles interminables (qui servent toujours, d’une manière ou d’une autre, à vous rendre généreux pour quelque bonne cause en réalité très éloignée de vos aspirations), vous vous dites qu’il y a mieux à faire. « Pourquoi la musique ? » vous étiez-vous, dans le temps, demandé, en voyant la passion de l’une ou l’autre âme visiblement éperdue, qui affichait Schubert sur son journal de classe. La question serait plutôt maintenant : « Pourquoi pas la musique ? ».
Et soudain vous vous rendez compte que la musique est partout, mais vraiment partout, à un point que vous n’auriez pas imaginé. ‘Music is my life’ disent de nombreux anglo-saxons. Vous n’irez pas jusque là peut-être, et d’ailleurs ce sont là bien souvent des propos de consommateur et vous voudriez produire. Alors, vous vous souvenez aussi de l’histoire de « Mademoiselle Mozart », vous aviez vu une pièce de théâtre sur cette jeune fille, Nannerl, qui avait vécu dans l’ombre de son frère Amadeus. Pour des raisons différentes d’elle qui était dans la fleur de l’âge, mais était une jeune femme, à supposer que vous ayez ne fût-ce que quelques dispositions, vous ne pourrez prétendre à aucune reconnaissance sociale réelle, mais la musique ne peut-elle pas vous renouveler, vous faire retrouver un regard neuf sur le monde, une partie de votre âme d’enfant ? Cela devient une évidence qui frise l’utopie. Vous vous souvenez de « Gulliver au Pays des Géants », qui saute de note en note sur le clavier d’un piano – gigantesque bien sûr.
Vos motivations sont de l’ordre de la réalisation de soi par la musique. D’abord, il y a tous ces airs que vous avez en tête depuis toujours. Ensuite, nombreuses sont les pièces de musique qui vous sont encore inconnues et qui rythment la vie des musiciens. Les jouer vous apportera le réconfort que vous, à l’exception de toute autre personne au monde, pouvez vous apporter, loin de ces outils tyranniques que sont désormais l’ordinateur, internet et les réseaux sociaux, certes plus interactifs que la télévision, mais où vous risquez tous les jours d’attraper une grippe sur le mur d’un influenceur ou d’un politicien (qui, en tout temps, capteront votre attention, captureront votre temps : de cocktail en afterwork, vous serez cesse l’objet d’attentions de bonnes âmes qui peuvent vous rendre de nombreux services – très onéreux bien sûr – et sauront également exploiter vos multiples talents – toujours bénévoles non indemnisés). Encore une liberté ou libération (il n’y a jamais tant d’espace qu’on le croit entre les deux) qui n’en est pas une, au fond. L’informatique est utile, mais vous avez connu autre chose et c’est normal de ne pas vouloir renoncer à cela pour le reste de votre vie. Et qu’il vous reste la moitié, le tiers ou le quart de votre vie, c’est assez pour vous en soucier !
Et la mystique ? N’y a-t-il pas déjà assez de moustiques ? aurait peut-être demandé Raymond Queneau. « Vous écrivez vraiment n’importe quoi ! ». Tout à fait, c’est bien cela qui est amusant, l’absurdité des mots comme/contre celle des idéologies politiques parfois, comme/contre celle de la réalité dans laquelle il faudrait à tout prix (se) fondre pour faire plaisir (mais à qui donc ?). Et rassurez-vous : Ubu sait bien en réalité qu’il ne doit pas manger tout le monde, juste tout ce qu’il peut chez tout le monde (ce qui n’est déjà pas si mal). Alfred Jarry avait vraiment tout compris. Quant aux plus forts des (vrais) mystiques, ils savent et enseignent que nature divine et humaine s’excluent, en matière de connaissance, dès lors, ils sont décidés à ne plus souffrir éternellement de cette séparation (c’est pourquoi Maître Eckhart se permet de parler de Dieu comme « Le Rien Absolu »). Une leçon de vie qui empêchera de s’égarer trop souvent dans les herboristeries et les agences de voyages confidentielles et originales (entendez plus chères que les autres) à la recherche de succédanés de cet Absolu – en fait de soleil tapant, vous pourriez trouver beaucoup de froidure.
Alors enfin c’est décidé, vous voulez continuer à utiliser votre temps intérieur et extérieur pour vous-même, le désir de vous cultiver vous est revenu, vous êtes tout simplement déterminé(e) à vous faire plaisir. Renaître, c’est aussi se donner la possibilité de s’accomplir. « L’égoïsme n’est-il pas d’abord un manque de soi ? » s’interroge Erich Fromm dans « L’art d’aimer ».
La réalité de l’instrument de musique et de l’enseignement musical, le choix de la méthode
Passons à des considérations plus pragmatiques. Une fois décidé(e) sur vos motivations à apprendre la musique à l’âge adulte, le pourquoi, il reste la question de la méthode, le comment. Nous n’insisterons jamais assez sur l’utilité des logiciels développés par Arpège Musique (Pizzicato, Harmonie et Contrepoint, Ecriture Alternative : voyez http://www.arpegemusique.com), mais enfin un instrument est plus tactile qu’une souris d’ordinateur.
Si vous faites partie des adeptes des sons électriques et synthétiques, les logiciels formeront un complément quasiment naturel à votre apprentissage, de par le fait de pouvoir brancher un instrument adéquat (guitare électrique, synthétiseur) directement sur l’ordinateur et ainsi voir apparaître directement à l’écran tout ce que vous jouez. Le logiciel est alors comme une sorte d’extension de l’instrument, aussi bien du point de vue de l’apprentissage de la notation que de celui de la composition musicale.
Pour ceux qui ont adopté l’ordinateur plus tardivement ou bien alors de manière moins complète, l’attrait de l’instrument traditionnel se fait vite jour. Certains peuvent se souvenir d’une mélodie grattée sur la guitare classique autour d’un feu de camp, d’autres passent tous les jours à côté d’un piano qu’ils n’entendent plus beaucoup depuis le déménagement d’un enfant qui n’a pas jugé utile de l’emmener avec lui… Si l’instrument est la voix de la personne elle-même, la question reste la même : comment progresser de manière sûre ?
Apprendre la musique à l’âge adulte : l’instrument peut être le piano, la guitare, la voix, …
Quel que soit l’instrument qui s’impose, il importe d’investir juste ce qui convient. Les leçons de musique coûtent, de plus, si l’on en veut. Ici aussi le logiciel peut servir (voyez le cours de Pizzicato : http://www.arpegemusique.com/manuel36/FR001.htm#Cours de musique). Et des méthodes d’étude existent en ligne, nombreuses. Que de vidéos didactiques pour apprendre les instruments à clavier ou à cordes. Il n’empêche qu’il restera difficile, pour un certain nombre, de passer de l’écran de l’ordinateur à l’instrument traditionnel ou même électrique ou électronique sans avoir d’accompagnement. Alors, il faut pouvoir, répétons-le, être le moteur de sa joie. Il faut faire ce pas : oser s’offrir quelque chose qui a de la valeur. L’apprentissage de la musique est un investissement, mais comme tout investissement celui-ci peut être rentabilisé, il le sera difficilement sous forme de rentrées monétaires ou de reconnaissance sociale, le gain pourra toutefois être intérieur (pour soi) et extérieur (pour ses proches, s’il faut encore une justification autre que son propre bonheur).
Le choix du professeur se fait bien sûr tout d’abord en fonction de l’instrument que l’on veut apprendre. Ensuite, il y a une question d’affinité. Heureusement, il y a certainement autant de genre de professeurs que d’élèves et certainement, même dans les plus petites villes, chaque personne devrait trouver aisément une personne digne de confiance. Car il s’agit aussi de confiance. Puisque apprendre un instrument de musique à l’âge adulte suppose d’avoir une bonne dose de confiance en soi, il faut également pouvoir trouver un enseignant à qui pouvoir faire confiance et cela n’est pas toujours une question de tarif horaire. La personne doit être bienveillante, voire spirituelle.
Sans quoi l’objectif principal pour l’élève, l’épanouissement, risque de ne pas être atteint. Mais partons du principe que, comme la détermination, cet objectif est déjà atteint. Internet peut ici être une ressource précieuse afin de trouver rapidement la personne adéquate à tout point de vue.
Le choix de la méthode (livre de partitions conçu en vue de l’apprentissage) peut lui aussi varier d’une personne à l’autre. Il existe de nombreuses méthodes d’apprentissage pour les adultes, mais certains pourront, en accord avec la personne qui enseigne, adopter les méthodes pour les enfants. Certains enseignants vont même jusqu’à dire que l’élève adulte doit précisément tout simplifier ! Il ne s’agira donc pas en conséquence de « rattraper le temps perdu » à tout prix (le temps n’a pas été perdu, il a été employé à autre chose), mais de voir ce qui convient le mieux à chacun(e). Il est évident que les personnes qui n’aiment pas « être traitées comme des enfants » auront tout intérêt à se tourner vers les méthodes pour adultes, tandis que celles qui aspirent à une renaissance, à un renouveau ou encore à un ressourcement, se tourneront peut-être spontanément vers les méthodes pour les enfants.
Pas plus que nous ne souhaitons répertorier des cours en ligne ou des sites d’associations de professeurs, nous ne renvoyons pas à des éditeurs de musique publiant telle ou telle méthode. Chaque personne est différente, aussi, elle doit choisir sa méthode d’apprentissage, en affinité avec la personne qui enseigne, le cas échéant.
Car le but, nous le rappelons pour terminer, est de l’ordre de la réalisation de soi par la musique. C’est elle qu’il faut, comme la paix, rechercher et poursuivre pour que, presque paradoxalement, l’émotion humaine, quelle que soit sa forme, puisse trouver un creux dans lequel s’exprimer. C’est tout de même bien ce qui guide, depuis toujours, de nombreux musiciens, compositeurs, chefs d’orchestre et interprètes ici réunis.
Françoise Delsaux
Arpège Musique
http://www.arpegemusique.com
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